Groupe en pleine transformation après avoir axé sa stratégie sur le Direct-to-Consumer, The Walt Disney Company présentait le 10 novembre ses résultats du troisième trimestre 2021, qui est le quatrième de son année fiscale décalée, publiant donc aussi les chiffres de son exercice complet. En cette année encore très marquée par la pandémie, notamment au niveau des parcs d’attraction, les revenus sont en légère hausse, les profits de retour. Le groupe a cependant déçu les analystes, n’annonçant que 2 millions d’abonnés supplémentaires sur le trimestre à 118 millions à sa plateforme Disney+, ce qui témoigne d’un certain ralentissement, bien que sur un an les abonnements fassent plus que doubler, la progression du chiffre d’affaires du streaming compensant les autres baisses.
Parmi les raisons évoquées se trouve la même que pour Netflix lors du trimestre précédent : une période moins fournie en termes de nouvelles séries puissantes, notamment en raison des retards de livraison liés à la pandémie, démontrant à quel point ces plateformes sont dépendantes de gros lancements de programmes pour recruter. Lors du webcast audio commentant les résultats, le CEO du groupe Bob Chapek s’est déclaré confiant sur le long terme, beaucoup de choses étant en production, tandis que la plateforme va s’étendre à nouveau de manière conséquente géographiquement. Deux jours plus tard, le 12 novembre, à l’occasion deus deux ans de la plateforme, était organisé l’événement promotionnel le Disney+ Day pour allécher sur ses contenus originaux à venir, sans donner d’agenda très précis sur les sorties, qui ont été affectées par des retards liés à la pandémie.
Disney+ compte surtout sur son développement à l’international pour donner un nouveau coup de fouet aux abonnements. Présente actuellement dans 60 pays et émettant dans 20 langues, elle prévoit d’en ajouter 50 l’année à venir, se déployant davantage en Asie à commencer par la Corée du Sud, Taiwan et Hong kong, puis en Europe centrale et de l’est, au Moyen orient et Afrique du sud. L’objectif est de doubler et atteindre les 160 pays d’ici fin 2023. Le groupe maintient ses prévisions pour Disney+ d’atteindre 230 à 260 millions abonnés et l’équilibre pour 2024. Mais il ne faut pas s’attendre à ce que la progression soit constante de trimestre en trimestre a précisé Bob Chapek.
Le groupe n’a pas détaillé ses dépenses en contenus. Selon Bob Chapek, les investissements pourraient être supérieurs à ce qui était prévu, Disney+ mettant notamment un coup d’accélérateur aux commandes locales et régionales, en lien avec son développement international.
Chronologie des médias : retour d’une fenêtre pour la salle mais en restant souple
Après avoir sorti ces derniers temps beaucoup de ses films cinéma simultanément, et même pour certains seulement, sur Disney+, le groupe a confirmé son intention de ré-allouer une fenêtre en salle à priori de 45 jours (ou 30 pour certains) aux films, comme annoncé en septembre alors que les salles rouvraient plus largement. Comme pour WarnerMedia sa stratégie avait été décriée, en outre le groupe avait été attaqué en justice par l’actrice de Black Widow, Scarlett Johansson, s’estimant lésée par la sortie simultanée du film sur Disney+, car disposant dans son contrat d’un droit à recettes sur les entrées salle.
Sur la chronologie des media, Bob Chapek a précisé que le groupe entendait cependant rester flexible, ne connaissant notamment pas la réaction du marché en ce qui concerne le retour en salles de films destinés à un public familial, et l’idée est bien de continuer à pratiquer des fenêtres plus courtes qu’auparavant afin que Disney+ puisse bénéficier des films plus vite. « Au final, nous ferons ce qui est le mieux pour les actionnaires », a-t-il ajouté.
Lors du Disney+ Day, le groupe mettait en ligne une douzaine de nouveaux contenus dont (sauf en France) Shang-Chi and The Legend of The Ten Rings (photo illustrant l’article), film ayant retrouvé, avec succès, une fenêtre prioritaire au cinéma. Sorti le 3 septembre dernier au Etats-Unis, il aura donc bénéficié d’un peu plus de deux mois d’exclusivité salles avant son lancement sur Disney+ (il sort le 30 novembre en DVD) .
Contenus originaux : pas de repos pour les super-héros
Lors du Disney+ Day, furent également publiés plusieurs teasers sur les séries en production, le groupe effectuant quelques annonces. Un grand nombre d’entre elles sont déclinées des différents univers et marques du groupe Disney, et en premier lieu des super-héros de Marvel. Après Wandavision, The Falcon & The Winter Solder, et Loki, qui ont crevé le plafond des budgets des séries, une bande annonce dédiée à Marvel Studios a énuméré les nombreux projets adaptés de son univers en production, même si beaucoup ne vont pas arriver tout de suite. Hawkeye est la prochaine série Marvel annoncée pour le 24 novembre, tandis que de premières images ont été dévoilées pour Moon Knight et She-Hulk, prévus en 2022, ainsi que Secret Invasion avec Samuel L. Jackson, et qu’a été confirmé un spin-off de Wandavision à partir du personnage de la sorcière, Agatha House of Darkness, aussi pour 2022.
Côté Lucas Films, Star Wars, The Book of Boba Fett doit être lancé le 29 décembre tandis que Disney+ a promu la série fiction Willow adaptée du film de 1988 prévue en 2022, quand est attendue aussi la série Obi -Wan Kenobi, dont Disney a dévoilé à peine quelques images.
La plateforme a aussi annoncé dans un tweet l’adaptation en une série fantastique live action des livres pour enfants Les Chroniques de Spiderwick, qui ont déjà donné lieu à un film en 2008, tandis que dans un autre registre le personnage de Cendrillon a donné lieu à une comédie musicale modernisée qui sortira sur Disney+ en février, Sneakerella où Cendrillon perd, non pas son soulier de verre, mais sa sneaker..
Nouvelles séries d’animation chez Marvel, Disney et Pixar
L’animation demeure un axe fort, Disney+ ayant également annoncé trois nouvelles séries animées chez Marvel Studios, qui s’est lancé relativement récemment dans l’animation: Spiderman The Freshman Year , XMen97 (prévu pour 2023), et Marvel Zombies.
Pixar, dont les derniers films Soul et Luca étaient sortis directement sur Disney+ sans passer par la case salle, s’est aussi diversifié à la série animée, produisant actuellement Cars on the road un dérivé des films cinéma Cars, prévue en 2022, ainsi qu’une série sur le baseball Win or Loose pour 2023.
Disney+ annonce par ailleurs une sortie à l’été 2022 de la série Baymax, spin-off du film de 2014 Big Hero 6/Les nouveaux héros (également basé sur un Marvel Comics) produite par Walt Disney Animation Studio qui réalise également pour la plateforme la série courte Zootopia+ (basée sur le film de 2016) prévue en 2022, ainsi que pour l’année suivante, Princess Tiana, série dérivée du film de 2009, The Princess and the Frog.
Est également prévu un film spin-off de la franchise Ice Age du catalogue de 20th Century Fox (que Disney a racheté en 2019) , The Ice Age Adventures of Buck Wild, qui sortira en direct-to-Disney+ en janvier 2022.
Séries documentaires grands espaces et spectaculaire
Enfin, côté documentaires, Disney+ a présenté les premières images de plusieurs séries de National Geographic dont Welcome To Earth, en six parties menée par Will Smith qui part à la découverte de la terre, prévue en décembre, ainsi que Limitless With Chris Hemsworth où ce dernier explore ses limites. Disney+ et National Geographic renouvellent donc l’expérience de faire appel à des comédiens pour incarner des séries documentaire, après The World According to Jeff Goldblum où ce dernier cherche à comprendre le pourquoi des choses avec humour. Autre série prévue en 2022, dont Disney+ a montré les premières images spectaculaires, la série nature et animalière en six épisodes, America The Beautiful (Les Merveilles de l’Amérique), qui filme notamment les grands espaces vu du ciel. La série de Peter Jackson sur les Beatles doit aussi être lancée très prochainement.
Après Karl Lagerfeld, Balenciaga, objectif de 60 séries originales en Europe d’ici 2024
Le jour du Disney+Day, la plateforme a également publié un communiqué concernant ses projets en Europe, annonçant à cette occasion la commande de sa première série originale en Espagne sur le designer Balenciaga. Il s’agit de la seconde série de Disney+ sur la mode, ayant également annoncé lors de Séries Mania en aout dernier un projet de série chez Gaumont sur Karl Lagerfeld. Ce 12 novembre, Disney+ dévoilait également la bande-annonce d’une de ses premières commandes françaises, la comédie de 8×26′ , Week-end Family, avec Eric Judor.
Concernant ses plans en Europe, Disney+ avait dans un premier temps annoncé une dizaine de premiers projets en février dernier, dont quatre en France et les autres en Italie, Allemagne et Pays-Bas, la plateforme avait également confié à la société française Xilam Animation la production de la série animée Chip’n’ Dale: Park Life (Les aventures de Tic & Tac au parc) lancée en juillet dernier. Depuis, le président de Jan Koeppen, président de Walt Disney Company EMEA a annoncé à Séries-Mania que Disney+ augmentait ses objectifs à 60 séries produites en EMEA (Europe, Middle East Africa) d’ici 2024 au lieu de 50 originellement prévues. D’autres séries ont été mise en chantier portant le total à 21, dont 16 fictions et 5 documentaires, provenant du Royaume-Uni, de France, d’Allemagne, d’Italie, et des Pays-Bas, dont une série d’aventure epic anglaise, Nautilius, inspirée de 20 000 lieues sous les mers.
Par ailleurs, dans une information non liée au Disney+ Day, Fremantle a annoncé avoir vendu la série d’anticipation italienne de Niccolò Ammaniti, Anna (qui vient d’être diffusée sur Arte, co-producteur avec Sky en Italie) à Disney+ pour plusieurs territoire d’Europe.
- Lien vers le communiqué financier du groupe sur son site : The Walt Disney Company Reports, fourth quarter and full year earnings for fiscal 2021
- Le communiqué Disney+ Debuts First Looks, Exclusive Footage, And New Trailers In Celebration Of Disney+ Day avec la liste des annonces par studio, et celui portant sur les commandes européennes, Disney+ in Europe unveils more new content for subscribers
Lectures complémentaires :
- L’article de Deadline sur l’aspect chronologie des medias: Disney Boss Bob Chapek “Sticking With Our Plan Of Flexibility” When It Comes To Theatrical Day & Date
- Les articles du Hollywood Reporter : Disney+ Subscriber Growth Slows, Company Misses Wall Street Expectations, et Disney CEO: We’re Ready for “Our Own” Metaverse
- Celui de Variety, pas très convaincu par le Disney+Day : Disney Plus Day Tries to Deliver the Goods Without Having Many Goods
Un CA de 67 milliards de dollars, dont 28Md$ pour les chaînes linéaires
Lors du dernier trimestre, The Walt Disney Company a pu respirer un peu côté pandémie, ses parcs d’attraction ayant pu réouvrir plus largement, et l’activité Parks, Experiences and Products ayant progressé de 99% par rapport au trimestre équivalent l’année précédente, tandis que les chaînes linéaires étaient en baisse de 4%, et le streaming en hausse de 38%.
Sur l’année fiscale entière, qui se terminait le 2 octobre 2021, le chiffre d’affaires du géant américain croît de 3%, à 67,4 milliards de dollars, le résultat opérationnel est baisse de 4% à 7,8 Md$, tandis que le résultat net redevient positif à 2Md$ après avoir été fortement négatif l’an dernier. Malgré les bons résultats du dernier trimestre, la branche Parks, Experiences and Products demeure en baisse sur l’année de 3%, à 16,6 Md$ (contre 26Md$ en 2019 avant pandémie) mais avec un résultat opérationnel en hausse de 4% à 471M$. Le chiffre de la branche Disney Media and Entertainment Distribution, qui représente, du coup, les trois quart de l’activité du groupe, progresse pour sa part de 5% à 50,9 Md$ (+9% sur le dernier trimestre), avec un résultat d’exploitation en baisse de 5% à 7,3Md$.
A l’intérieur de cette branche, l’activité Linear Networks, ou chaînes de télévision traditionnelles, toujours première en termes de recettes, voit son CA progresser de 2 % sur l’année à 28 Md$, avec un résultat opérationnel en baisse de 11%, à 8,4Md$. Les revenus publicitaires sont en hausse grâce au retour des événements sportifs, mais cette progression est contre-balancée par un coût des droits sportifs en hausse, indique Disney. Rappelons que le groupe détient le network ABC, la chaîne sportive ESPN, FX, les chaînes enfants Disney et les chaînes documentaire National Geographic. En 2020, 30 chaînes câblées avaient été fermées à l’international, pour laisser place au streaming et à Disney+, et en mai dernier le groupe avait indiqué mener une stratégie marché par marché selon les accords en cours, mais prévoir de continuer dans cette voie, souhaitant privilégier le direct-to-consumer. Pas de nouvelles informations sur le sujet dans ce dernier document, qui ne l’aborde pas vraiment si ce n’est pour justifier une baisse de revenus provenant de la redevance pour les chaînes à l’international.
Hausse de 55% pour le streaming sur l’année à 16Md$ (et 1,7Md$ de pertes)
Le chiffre d’affaires du Direct-to-Consumer (les plateformes de streaming), notamment porté par Disney+, bondit pour sa part de 55 % à 16,3Md$, tandis que l’activité réduit ses pertes de 42 %, toujours cependant consistantes, à 1,679Md$. Les améliorations provenant des plateformes américaines Hulu et dans une moindre mesure d’ESPN+ sont contre balancées en partie par de plus fortes pertes pour Disney+, à cause des investissements en marketing, en production et technologie, indique Disney.
Baisse de 33% pour le poste vente de contenus et licences
L’activité Content Sales/Licensing and Other est pour sa part en baisse de 33% à 7,3Md$, avec un résultat opérationnel qui perd 51% à 567M$, des résultats que Disney attribue essentiellement à l’activité distribution cinéma, affectée par l’annulation de sorties de films importants (certains étant aussi sortis direct sur Disney+ NDLR), même si cela fut compensée en partie par les économies réalisées en conséquence sur les coûts marketing et distribution et sur l’amortissement de ces films, indique le groupe.
Update 30/11/21. Selon la presse internationale, le rapport annuel de The Walt Disney Company qui a été envoyé à la Securities and Exchange Commission prévoit un investissement dans les contenus, que ce soit en production ou en acquisitions, droits sportifs inclus, de 33 Md$ tout compris en 2022, en hausse de 8 Md$ par rapport à cette année. Le groupe prévoit notamment la sortie de 50 long-métrages en salles ou sur ses plateformes. L’article du Hollywood Reporter
Update janvier/2021 : Hawkeye termine en hausse. La série Hawkeye (dont les épisodes furent introduits en ligne progressivement au rythme hebdomadaire) a vu, selon les chiffres Nielsen cités par le Hollywood Reporter, son audience augmenter aux États-Unis sur Disney+ à 938 million de minutes vues (troisième au top hebdo de Nielsen) la semaine du 20 décembre vs 853 million de minutes pour les deux premiers épisodes 1 mois plus tôt.
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