Audiences TV 2022 en France, une année très sportive

Après les sommets atteints pendant la pandémie, encore perceptibles en 2021, l’audience de la télévision repris une pente descendante en 2022 et se fit quelques frayeurs. Car si la durée d’écoute des chaînes fut l’an dernier en retrait de 15 minutes à 3h26 quotidiennes, la baisse aurait pu être bien plus importante. Une fois de plus, la télévision a pu démontrer sa résilience. Elle n’en n’est pas moins confrontée comme jamais à une concurrence qui ne cesse de s’étoffer et se diversifier, la mettant à rude épreuve et modifiant petit à petit les usages et la manière dont elle est consommée.

L’année n’avait pourtant pas si mal démarré. La durée d’écoute globale quatre ans et plus était certes en baisse en janvier 2022 par rapport à un mois de janvier 2021 au plus haut, mais c’était une baisse, sommes toutes, relativement modérée par rapport à l’avant pandémie début 2020 (le premier confinement fut le 17 mars 2020), surtout, elle s’était stabilisée au même niveau en février. Mais à partir de mars, ce fut la dégringolade. Au printemps, les chaînes perdirent près de 10 minutes d’écoute chaque mois, soit plus que les habitudes saisonnières, sous l’effet d’une concurrence toujours plus musclée des plateformes et sans doute aussi de l’envie post-confinements d’être davantage dehors. Au premier semestre, la moyenne était tombée à 3h19, de 25 minutes inférieure à l’avant pandémie en 2019 (et 33 mins de moins qu’au 1er semestre 2021).

Une durée d’écoute en berne surtout au premier semestre

Certes, plus le temps passe, plus les plateformes et la vidéo à la demande s’inscrivent dans les habitudes de davantage de téléspectateurs, constituant chaque soir une proposition alternative de taille. Rappelons que Netflix a annoncé l’an dernier avoir franchit la barre des 10 millions d’abonnés en France, un record pour une offre payante et un nombre de téléspectateurs potentiellement important. Son public est donc devenu bien plus vaste que sa cible jeune initiale. En Angleterre, où Netflix s’est lancée avant la France et est donc vraisemblablement mieux implantée, elle pèse plus de 8% de part d’audience, ce qui en fait la troisième chaîne anglaise. Et c’est sans compter les autres plateformes. Selon l’Année TV 2022 de Médiamétrie, près d’un foyer sur deux (47%) est désormais abonné à au moins une offre SVoD en France, et 8,9 millions d’individus regardent une plateforme quotidiennement.

Pour la SVoD aussi

Pour autant, la baisse de l’audience des chaînes ne se fit pas vraiment au profit des offres SVoD dont la durée d’écoute sur le téléviseur se tassa elle aussi un peu au premier semestre 2022 (même si bien moins que les chaînes) à 24 minutes quotidiennes en moyenne, contre 28 minutes pour l’année 2021 entière. Pour sa part, la durée d’écoute des sites de partage de vidéo (comme Youtube) était stable à 33 minutes, soit un total de 57 minutes par jour pour les offres audiovisuelles complémentaires. Il n’y eu pas non plus de sursaut important en seconde partie d’année. Selon l’Année TV 2022 de Médiamétrie, sur l’année les usages complémentaires ne représentent toujours que 52 minutes au total par jour en moyenne, soit 20% du temps passé devant l’écran.

Un primetime affaibli pour le commun des programmes

Néanmoins, pour les chaînes, la conséquence de ce premier semestre en berne fut un primetime particulièrement affecté, semblant même certains soirs désaffecté avec la fragmentation de l’audience. Ainsi, au premier semestre, il devint plus fréquent que la plus forte audience se situe sous les 4 millions de téléspectateurs en primetime. Ce fut le cas entre une et trois soirées par semaine en février, puis entre deux et quatre soirées par semaine en mars et en mai. Au mois de Mai, le programme leader l’était jusqu’à deux fois par semaine avec moins de 3 millions de téléspectateurs…

L’audience TV eu à nouveau de meilleurs mois par la suite, mais pour le commun des programmes, il faut maintenant s’habituer à des audiences veille ou linéaires plus basses en primetime. Pour exemple, en divertissement, The Masked Singer signait au printemps 2022 un bilan en part d’audience veille plutôt bon (près de 21% des 4+ et plus de 37% des FRDA-50) mais avec seulement 3,6 millions de téléspectateurs en moyenne, par rapport à 5,1 millions la saison précédente et une part d’audience pas tant supérieure, une différence importante, même si la précédente saison fut diffusée en pleine pandémie alors que l’audience faisait le plein.

Avec des exceptions de taille

Certains programmes peuvent rattraper tout ou partie de leur audience au replay. Ainsi, le lancement de la nouvelle saison de Koh Lanta en février 2022 qui fut à 4,5 millions en audience veille, remonta à 5,4 millions à J+7, ayant engrangé 1,2 million téléspectateurs supplémentaires en replay. Ce fut le meilleur score en replay pour une émission de flux l’an dernier, celui tout genres compris étant détenu par la série fiction HPI avec 2,1 millions. Heureusement, certaines séries font de la résistance, continuant de rassembler très large. Une fois de plus, TF1 mais aussi toute la télévision aura pu remercier la série avec Audrey Fleurot, HPI, contre-exemple démontrant que tout est encore possible. Alors même que les audiences de primetime s’effritaient comme jamais, sa seconde saison atteignait encore le printemps dernier des audiences linéaires phénoménales de 9 millions de téléspectateurs, frôlant les 11 millions avec le replay (40% de PdA), avec en outre de véritables cartons sur cibles publicitaires : 54% des femmes responsables des achats de moins de 50 ans (FRd4-50) et de 50% chez les jeunes de 15-34.

Les chaînes relèvent la tête en seconde partie d’année grace au sport et à leur rentrée

Les chaînes réussirent aussi à stopper l’hémorragie du second semestre et reprendre du poil de la bête, grâce aux grandes compétitions sportives qui ramenèrent sur les chaînes autant de téléspectateurs qu’avant, voir plus, puis à leurs efforts de la rentrée. Déjà la durée d’écoute eu un petit sursaut deuxième quinzaine de juillet sous l’effet du Tour de France, qui atteint de fortes audiences cette année.

Elle remonta ensuite cet automne en septembre et octobre, avec la rentrée TV, les chaînes ayant redoublé d’efforts, puis encore davantage avec les matches de la Coupe du Monde, grâce à la performance de la France qui arriva en finale, celle-ci attirant un nombre de téléspectateurs record de 24 millions de personnes sur TF1. En décembre, la durée d’écoute était remontée à 3h42, rejoignant la courbe de 2021 (en janvier 2023 elle baisse de nouveau).

Info événementielle, toujours

Comme l’an dernier, l’information événementielle permis aussi à nouveau aux chaînes d’afficher des audiences importantes, avec là aussi, prime au direct. L’allocution du président de la république sur la guerre en Ukraine le 2 mars a ainsi été regardée rien que sur TF1 par 8,7 millions de personnes (et par 21 millions en tout), tandis que les soirées électorales de la présidentielle et le débat Marine Le Pen-Emmanuel Macron cumulèrent plus de 14 millions sur TF1 et France 2. La guerre en Ukraine permis en outre à BFM TV de monter à 4,5% de part d’audience en mars, alors qu’elle se situe habituellement autour des 3%, tandis que les documentaires sur Poutine de France 5 et d’Arte obtinrent parmi les meilleures audiences de leur case. Le Top 5 de l’année de France 5 comprend d’ailleurs deux programmes sur le sujet, un C Dans L’air et le doc La Vengeance de Poutine tous deux avec environ 1,7 m de téléspectateurs en consolidé.

Les séries françaises font de la resistance

Malgré quelques déceptions, et une audience moyenne elle aussi parfois affectée, les fictions françaises restèrent une valeur sure, les rendez-vous et séries récurrentes plus que tout. Outre le phénomène HPI sur TF1, les inédits de Capitaine Marleau continuèrent de réunir plus de 6 millions de téléspectateurs en audience veille sur France 2, son épisode le plus fort , l’Homme qui brûle, avec Gerard Damon et Elie Semoun ayant atteint 7,2 millions téléspectateurs en consolidé (dont 800 000 en replay). Tandis qu’Alex Hugo confirme ses fortes performances sur France 3, première audience de la chaîne en 2022 pour l’épisode En terre sauvage avec 6,7 millions de téléspectateurs consolidés (6,2m en audience veille).

Sur TF1, la saison 4 de Balthazar avec une nouvelle comédienne s’est lancé l’an dernier avec une audience veille de 6 millions de téléspectateurs, et près de 900 000 en replay, et a obtenu exactement pareil pour le lancement de la 5ème et dernière saison en janvier cette année.

Il faut aussi noter sur France 2 la montée en puissance d‘Astrid et Raphaëlle, qui a encore gagné 300 000 téléspectateurs hebdomadaires en audience veille en saison 3, atteignant une moyenne de 5 millions (27% de PdA) et de 5,7 millions en consolidé J+7. Les téléfilms policiers de France Télévisions notamment ceux de la série Meurtre à sont toujours au top, tandis que le téléfilm dans le même registre Menace sur Kermadec avec Claire Keim, David Kammenos et Sami Naceri en guest star, créa la surprise sur France 2. Les séries de France télévisions Candice Renoir, Cassandre, La Stagiaire, Le Voyageur continuèrent de bien fonctionner, tandis que Tropique Criminels fut en solide progression, autour des 5 millions.

Les chaînes misent actuellement beaucoup sur la fiction, et pour rivaliser avec les plateformes, se diversifient à davantage de mini-séries de différents registres afin de créer l’événement, du thriller fantastique à l’historique. Aucune n’aura pour autant atteint de sommet l’an dernier. La mini-série Diane de Poitiers de José Dayan avec Isabelle Adjani, assez critiquée sur Twitter, n’eut que 2,3 millions de téléspectateurs en moyenne soit 12% de PdA, très en dessous de la moyenne de France 2. M6 a renforcé ses efforts dans les fictions de primetime, genre où elle était peu présente, développant son style. Elles ne décrochent pas encore de grosses audiences en 4 ans et plus, mais sont performantes sur les cibles féminines de moins de 50 ans.

TF1 fut handicapée à la rentrée par le conflit qui l’opposait au groupe Canal+ (en tant que distributeur ) et l’arrêt de sa diffusion dans les offres satellite de Canal+ couvrant les zones d’ombres. Aussi elle n’atteint pas avec sa nouvelle mini-série historique événementielle Les combattantes les mêmes sommets que pour Le bazar de la charité. La fiction avec les mêmes comédiennes dont à nouveau, entre autres, Audrey Fleurot, réussi néanmoins à obtenir 5 millions de téléspectateurs en audience veille. Surtout, là aussi, elle se rattrapa énormément en replay, dépassant en J+7 les 7 millions.

Le divertissement plus à la peine

Les émissions de flux et divertissement furent en revanche plus à la peine. Comme chaque année, le spectacle des Enfoirés s’est distingué, à plus de 8 millions de téléspectateurs, un score en retrait d’1 million sur 2019 (sans que ce soit sa performance la plus basse), tout comme celui de Miss France qui se stabilise à 7 millions en 2023.

L’année dernière, la plupart des marques du leader TF1 s’érodèrent plus ou moins, par rapport à des années 2020 et 2021 où l’audience était plus forte mais par rapport à 2019 aussi. La 11ème saison de The Voice, qui avait à nouveau modifié sa formule, avait bien démarré mais s’est ensuite tassé, perdant aussi plus d’1 million de téléspectateurs par rapport à la saison précédente à 4 millions en audience veille en moyenne, Koh Lanta le Totem Maudit tomba en dessous de ce niveau, et la saison 12 de Danse avec les stars (diffusé au moment de l’arrêt de la distribution de TF1 dans les offres Canal) sous les 3 millions, mais toujours avec une forte PdA auprès des FRdA-50 de près de 30%. (Rappelons qu’il s’agit de l’audience en direct, toutes ces émissions augmentent plus ou moins leur nombre de téléspectateurs en consolidé, et les chiffres ne sont pas toujours disponibles)

Dans ce contexte baisser, la relance de Star Academy obtint une moyenne satisfaisante de 3,9 millions pour l’hebdo diffusée (la plupart du temps) en primetime et en J+7 de 4,2 millions de téléspectateurs, avec surtout de très fortes parts d’audience sur les cibles commerciales (43% de PdA auprès des FRdA-50).

Beaucoup des marques de M6 se tassèrent aussi même si proportionnellement plus légèrement. TopChef aura eu sa plus faible saison en nombre de téléspectateurs, de 2,5 millions en audience veille (et 3 m en consolidé) contre 3,3 millions pour la saison 12, mais avec toujours de bonnes parts d’audience pour la chaîne (d’environ 14% 4+ et 25% en FRdA-50).

Parmi ses programmes les plus forts, la chaîne peut toujours compter sur La France a un incroyable talent, à 2,9 m (3,3m consolidé), tandis que Mariés au premier regard fut à 3 millions en consolidé. Et M6 eu aussi son contre-exemple, sa série télé-réalité de dating championne L’Amour est dans le pré, qui, en 17ème saison, se paya le luxe d’être en hausse, presque toujours leader et obtenant un très fort score pour la chaîne de 4,2 millions de téléspectateurs veille en moyenne, et de 4,7 millions avec le replay +7. M6 a lancé pendant l’été l’adaptation d’un nouveau format de télé-réalité prometteur, les Traitres.

Pour sa part, France 2, qui avait réussi à faire remonter l’Eurovision au sommet avec plus de 5 millions de téléspectateurs en 2021, voit son événement phare retomber à 3,2 millions. La chaîne essaya de relancer le concours culinaire MasterChef ( auparavant sur TF1 qui s’était arrêté en 2015), espérant toucher les cibles jeunes, ce qu’elle fit mais au détriment des autres et donc de la puissance, la moyenne d’audience 4 ans étant en conséquence faible. Le programme ne fut pas reconduit.

A noter sur la chaîne le sursaut cette année de Prodiges. Le concours de musique classique,, en 9ème saison, retrouva ses fortes (d’autant plus pour le sujet) audiences d’antan avec une finale à 3,7 millions de téléspectateurs (21% de PdA).

Imperturbable, l’access continue de fidéliser le plus grand nombre

A côté de cette plus forte frivolité en primetime, l’access demeura pour sa part imperturbable et toujours aussi fidélisateur. Les journaux TV de 20h des grandes chaînes TF1 et France 2 continuent à être suivis tous les jours par plus ou moins 5 millions de téléspectateurs chacun (avec avantage à la Une). Sur TMC et C8 les talk-shows Quotidien et Touche Pas à Mon Poste ne désemplissent pas, fleurtant chacun leur tour avec les 2 millions. Sur France 5, C dans l’air en fin d’après-midi draine 1,3 millions en moyenne, tandis que C la suite, dans les mêmes eaux pour sa première partie, a vu sa seconde décoller en fin d’année. Seule France 3 a égaré un peu plus d’un million de téléspectateurs avant 21h depuis la fin d’année, n’ayant pas encore réussi à égaler les audiences que Pus Belle la Vie qu’elle a décidé d’arrêter en novembre après 18 ans de bons et loyaux services. En baisse, le feuilleton quotidien était tout de même toujours à 2-2,5 millions de téléspectateurs quotidiens (avec une PdA au dessus de la moyenne de la chaîne), son remplaçant est pour l’instant autour du million.

Puissance ou performance sur cibles, un dilemme?

Chaînes	PdA 2022	+/-
1/ TF1	18,7	-1,0
2/ France 2	14,8	+0,1
3/ France3	9,4	–
4/ M6	8,4	-0,5
5/ France5	3,6	+0,3
6/ BFM TV	3,3	+0,4
7/ TMC	3,0	–
8/ Arte	2,9	–
9/ C8	2,8	+0,2
10/ W9	2,3	-0,2
11/ C News	2,1	+0,1
12/ RMC Découverte	1,9	-0,1
13/ RMC Story	1,9	+0,3
14/ TF1 Séries Films	1,7	-0,2
15/ LCI	1,7	+0,6

Pour ce qui est des performances par chaînes, 2022 aura été marqué par le décrochage d’un point de la chaîne leader TF1, qui après être passé sous les 20% en 2021, tombe sous les 19% l’an dernier, tandis que l’autre chaîne commerciale majeure, M6 perd elle aussi de la puissance, s’approchant des 8%.

Mais si les deux chaînes perdent auprès des 4 ans et +, elles continuent d’afficher de bonnes performances auprès des cibles publicitaires. Avec les changements d’usages prisés davantage par les plus jeunes et le vieillissement de la population, le poids des plus de 50 ans devient de plus en plus important dans la consommation TV. Or les chaînes commerciales ont besoin de toucher les moins de 50 ans, et peu de programmes permettent de satisfaire les deux cibles en même temps. Elles peuvent donc se trouver être amenée à sacrifier le plus grand nombre pour atteindre de fortes performances sur les cibles commerciales.

Ainsi, alors que la part d’audience 4+ des chaînes TF1 est en baisse de 0,6 pt à 26,6%, elle progresse sur la cible des FRdA moins de 50 ans, atteignant même un record depuis 2007, avec 33,6% (+0,5 pt vs 2021) dont 22,8% (+0,1 pt) pour TF1, son meilleur score depuis 2015. Le groupe est aussi à plus de 30% sur toutes les cibles jeunes (35,2% sur les 15-24 dont 27% pour TF1). Pareillement, le groupe M6 communiqua sur le fait que ses chaînes eurent une année 2022 historique pour ce qui est de la part d’audience auprès des FRdA-50 en primetime avec un cumul de 27% (17,5% en 4+) . En revanche sur l’ensemble de la journée elles sont en baisse sur cette cible de 0,5 pt à 22,3 dont -0.6 pt à 14,5% pour la chaîne M6. Les autres chaînes progressant sur la cible FRdA-50 sont BFMTV et C8, qui ont toutes deux aussi augmenté leur audience.

BFMTV est l’une des deux chaînes ayant le plus progressé (+0,4 point à 3,3% de PdA) devenant la 6ème chaîne de France, devant TMC et Arte. Mais attention, c’est surtout grace aux pics atteints les premiers mois de la guerre en Ukraine, en novembre et décembre, elle n’est qu’à 2,7% (idem en janvier 2023). C’est LCI qui réalise la plus forte hausse de toutes chaînes confondues (+0,6 pt), avec des performances plus étales. Toutes les chaînes d’info sont en hausse, CNews a aussi progressé encore un peu.

En 2022, France Télévisions renforce son poids de groupe leader avec une PdA de 29,4% (+0,4 pt). France 2 est en légère augmentation, tandis que France 5 poursuit son ascension avec +0,3 pt à 3,6%. En tête du top 5 de France 5, des magazines d’évasion : Des Trains pas comme les autres obtient jusque près de 2 millions de téléspectateurs (8,7% de PdA) et Echappées Belle jusque 1,7m, des performances qui sont elles en hausse. A noter qu’Arte, stable, obtient également des scores approchant les 2 millions, ce qui est beaucoup pour elle, avec des films, toujours plus puissants, mais aussi des séries fiction comme En thérapie ou l’acquisition suédoise Meurtres à Sandhamn (1,7m). Enfin, à souligner également la montée en puissance de RMC Story, atteignant les 2% en décembre et janvier 2023, mois où elle passe devant sa grande soeur RMC Découverte.

En conclusion, l’année 2022 aura prouvé que les chaînes de télévision disposent encore de toute leur puissance potentielle dès qu’elles diffusent un événement fédérateur en direct tandis que certaines séries continuent de fidéliser autant qu’avant, mais une partie de leur consommation s’effectue maintenant à la demande. Avec la multiplication de l’offre, l’audience est devenue sans pitié, demeurant fidèle à ses rendez-vous quotidiens d’access mais n’hésitant plus une minute, en primetime, à aller voir ce qui se passe ailleurs si rien ne lui semble assez attrayant, d’autant que la moitié d’entre elle a accès à des offres à la demande.

Et si la consommation d’offres payantes, ou SVoD semblent être elles aussi , l’an dernier, à un plateau, d’autres offres, cette fois gratuites, se développent dans l’espace OTT avec la création maintenant de chaînes thématiques digitales dites FAST, qui, elles, visent le marché publicitaire. Ce qui presse d’autant plus les chaînes traditionnelles à développer leur propres plateformes digitales pour participer au mouvement et accompagner les nouveaux usages. Sans doute était-ce trop d’avoir à investir aussi dans une offre payante commune comme Salto alors qu’il leur faut développer avant tout leur propre offre. Contrairement à ce qu’on aurait pu penser avec l’évolution des usages, la consommation à la demande des programmes des chaînes n’a en moyenne pas augmenté en 2022, elles ont donc un effort important à faire, même si cela peut resembler à se tirer un balle dans le pied. En termes de durée d’écoute, l’année 2022 a marqué comme un coup d’arrêt après des audiences qui s’étaient envolées en 2020 et 21 et pour les chaînes et pour les plateformes, et c’est un temps plus réduit que d’avantage d’acteurs ont à se partager. Les chaînes ont pu freiner la chute du linéaire l’an dernier, qu’en sera-t-il cette année, et comment se répartira la nouvelle consommation? C’est aussi aux chaînes de jouer, car, indépendamment des usages, ce seront aussi l’inventivité et l’attractivité des programmes qui feront la différence.

Les chiffres cités dans cet article sont tous des chiffres Médiamétrie, repris de ceux publiés soit dans la presse (notamment Puremedias qui fait aussi beaucoup de bilans programmes), et ceux directement par Médiamétrie.