La grève des acteurs aux USA continue, les tournages toujours bloqués, les problématiques liées à l’IA pas résolues

Alors qu’on pensait les studios et streamers américains sur une bonne lancée après l’accord trouvé fin septembre avec les scénaristes,  l’Alliance of Motion Picture and Television Producers a annoncé le 11 octobre avoir suspendu les négociations en cours avec l’organisation représentant les acteurs et performers, SAG-AFTRA, lui reprochant d’être trop gourmande. 

Les CEOs s’étaient pourtant déplacés à nouveau en personne à la table des négociations, dont le co-CEO de Netflix,  Ted Sarandos, qui était interviewé le lendemain dans le cadre de la conférence Bloomberg Screentime.  «Beaucoup pensaient que ça allait aller vite » lui demandait le journaliste.  « Moi aussi! » a répondu Ted Sarandos. « Pour schématiser, nous avions proposé un bonus lié au succès, mais hier soir ils ont demandé pourvoir percevoir quelque chose sur tous les abonnés, initialement c’était même sur tous nos revenus » a-t-il expliqué. « C’est aller un pont trop loin ». 

Lors des différents rebonds des négociations avec les scénaristes, l’AMPTP était restée à chaque fois totalement silencieuse. Elle a cette fois publié un communiqué pour se justifier, détaillant ses propositions, dont le fameux bonus lié au succès pour les grosses productions, une augmentation substantielle des salaires, assurances santé et pensions de retraite, une meilleure rémunération de la diffusion internationale sur les plateformes, des concessions sur l’intelligence artificielle. 

Sur ce point, les majors ont indiqué s’engager à obtenir l’accord de l’acteur avant de créer sa réplique digitale, à ne pas utiliser cette dernière à posteriori pour autre chose que ce qui aurait été négocié, à ne pas changer la nature de la performance de l’acteur par son biais. 

Autre son de cloche du côté de SAG-AFTRA, qui publiait peu après son propre communiqué. L’organisation accuse l’AMPTP d’user de tactiques d’intimidation. Elle lui reproche notamment de gonfler, dans son communiqué, le montant des améliorations consenties, les dernières propositions étant, selon eux, plus basses qu’avant la grève, dans des proportions « choquantes ». 

Surtout, elle estime, qu’en fait, les studios refusent de réellement protéger de l’IA les acteurs, omettant de mentionner qu’ils exigent l’accord des comédiens dès le premier jour de tournage concernant l’utilisation de leurs répliques digitales pour l’ensemble de l’univers cinématographique et toutes les les déclinaisons éventuelles de la franchise.  

Les négociations sont donc au point mort. Peut-être pas pour si longtemps, les studios ayant intérêt à ce que le conflit se résolve vite. L’accord trouvé avec les scénaristes permet de développer à nouveau, mais pas de tourner. Ce qui pourrait aussi devenir difficilement tenable pour les acteurs, qui ne travaillent pas depuis juillet dernier. « Nous avons trop sacrifié déjà pour capituler » indique leur communiqué.

« Quelle est la conséquence ce ses accords? », demandait le journaliste de Bloomberg à Ted Sarandos. « C’est l’escalade des prix, les coûts de production vont continué d’augmenter, » a-t-il répondu, ajoutant que Netflix ne comptait pas pour autant augmenter son budget contenus. 

Lire le communiqué de l’AMPTP du 11 octobre, la réponse de SAG-AFTRA le 12 octobre, voir l’interview de Ted Sarandos à Bloomberg Screentime, les articles du Hollywood Reporter SAG-AFTRA Accuses Studios of “Bully Tactics” as Talks Suspended

Ted Sarandos : ce n’est pas que nos contenus sont moins bons, c’est qu’il y en a plus

Lors de la conférence Bloomberg Screentime, Ted Sarandos a aussi été interrogé , entre autres, sur l’évolution de l’offre de Netflix. «Certains disent que vos contenus sont moins bons? » lui a demandé le journaliste. « Ce n’est pas qu’ils sont moins bons, c’est qu’il y en a davantage, et que tous ne sont pas forcément pour vous » a répondu Ted Sarandos, soulignant la diversification de l’offre. « Nous avons lancé une franchise d’action avec Night Agent, avons des programmes à succès comme Love is Blind, alors qu’il y a quelques années nous ne faisions pas de télé-réalité. La qualité n’a pas changé, notre offre a grossi ».