Les modes de consommation des programmes audiovisuels continuent de se modifier, entrainant une plus forte fragmentation, ce qui encourage pour certains programmes la multiplication des fenêtres d’exploitation, a-t-on notamment appris, lors de la conférence de The Glance, filiale internationale de l’institut d’étude d’audience Médiamétrie, lors de la session inaugurale du Mipcom lundi 21 octobre à Cannes.
L’audience linéaire, mode de consommation traditionnel de la télévision, continue de diminuer. La durée d’écoute est en baisse de 12 minutes quotidiennes au premier semestre 2024 aux États-Unis (à 2h20 par jour) ainsi qu’au Canada (à 2h22). Elle perd 5 minutes au Danemark et en Suède à respectivement 2h01 et (seulement) 1h40, et 4 minutes en Grande-Bretagne à 2h20. (La méthode de calcul ayant changé en Allemagne et en France au premier janvier 2024, The Glance ne donne pas de comparatif pour ces deux pays). Elle est stable en Italie, pays encore très linéaire à 3h35 par jour tandis que le seul pays où elle augmente est l’Inde, de 4 minutes à 2h19.
Les chaînes TV ont toutes embarqué une stratégie de plateformisation, développant leur offre BVoD (Broadcaster Video on Demand), a indiqué Frédéric Vaulpré, SVP de The Glance. Ce qui permet aux chaînes d’une part d’étoffer la richesse des programmes et d’autre part de rajeunir leur audience qui vieillit. La BBC diffuse quotidiennement 1 000 programmes sur ses six chaînes alors que sur le iPlayer se sont 10 000 programmes différents qui sont regardés chaque jour (x2,5 en deux ans). Quand à l’âge moyen, il est de 59 ans pour les trois chaînes d’ITV, alors qu’il est de 51 ans sur la plateforme de la chaîne commerciale britannique, Itvx . C’est quatre ans plus vieux que l’année dernière, ce qui est plutôt synonyme de succès a précisé Frédéric Vaulpré, témoignant d’une audience plus étendue.
Modes de consommation différents selon un certain nombre de critères
La manière de consommer les programmes varie beaucoup selon les pays, les cibles et les types de programmes. Une mini-série comme Nightsleeper a généré au Royaume Uni en septembre dernier une audience de 5,9 millions de téléspectateurs largement grâce à l’audience à la demande. Introduite en ligne avant sa diffusion à l’antenne, le pre-broadcast a représenté 26% de l’audience totale, le catch-up sur 7 jours 43%, et le linéaire ou audience en direct seulement 25%. A l’inverse, Tropiques Criminels en France a obtenu 73% de son audience de 5,2 millions en linéaire le jour même. Chez les jeunes, les tendances sont davantage semblables d’un pays à l’autre. La télé-réalité La Villa n’a obtenu que 25% de son audience en linéaire sur TFX, contre 32% en pre-broadcast et 44% à J+7. De manière similaire, en Angleterre, l’audience linéaire de Celebrity Big Brother a représenté 30% du total par rapport à 68% pour le J+7 (Glance n’a pas précisé l’audience totale).
Les services BVoD doivent se mouvoir dans un marché digital de plus en plus concurrentiel et fragmenté, a souligné Frédéric Vaulpré, citant l’exemple américain, où la part d’audience de plateformes de premier plan comme Netflix, Hulu et Prime Video a baissé, au profit de Youtube et de l’ AVoD (dont les chaînes FAST Tubi et Roku).
La fragmentation pousse à davantage de collaborations et coproductions entre plusieurs types de diffuseurs, les contenus concernés, ainsi mieux financés, bénéficiant de plusieurs fenêtres de diffusion successives dans une approche 360. L’ambitieuse série Zorro avec Jean Dujardin, est ainsi une coproduction entre Paramount+ et France Télévisions tandis que Pekin Express en Espagne allie Antena 3 et Max. Une stratégie espérée payante. Une précédente expérience Les Gouttes de Dieu avait tout d’abord cumulé 450 000 vues sur AppleTV+, puis 3,5 millions de téléspectateurs sur France 2 (dont 57% en live), a illustré Frédérique Vaulpré.
Les plateformes programment davantage de directs
Autre résultante de la concurrence accrue, les plateformes digitales se mettent davantage au direct, avec la retransmission de divertissements, et surtout d’évènements sportifs. Aux USA, les Jeux Olympiques ont ainsi été diffusés sur Peacock en complément de NBC. Côté football américain, Netflix a acheté en mai les droits des matchs de la NFL à Noël pendant trois ans pour 75M$ chacun. On note par ailleurs une montée en puissance en général du divertissement sur les plateformes, dont certains se retrouvent parmi leurs succès annuels. La seconde saison de la téléréalité de dating de Netflix, Perfect Match, a ainsi figuré dans le top 6 des Pays-bas le Top 5 des pays nordiques et le Top 2 canadien. Ailleurs dans les débats, la plateforme Amazon Prime Video a d’ailleurs confirmé pendant le Mipcom sa stratégie d’adaptation de formats maison comme LOL qui rira le dernier? qui a sa version locale dans de plus en plus de pays.
Bientôt un remake français de la sitcom Ghosts pour Disney+ et TF1
Le tendance à la coproduction entre acteurs traditionnels et plateformes s’est retrouvée dans plusieurs débats qui ont suivi la présentation de The Glance. Le lendemain, lors de la conférence de Disney+, la plateforme révélait ainsi qu’elle était partenaire de l’adaptation par TF1 de la série humoristique britannique Ghosts pour la France. Ghosts a déjà été adaptée aux États-Unis sur CBS avec succès. Une version que TF1 a d’ailleurs achetée et programme actuellement sur sa plateforme TF1+.
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