La production de fiction européenne en retrait de 500 heures en 2023, plus de coproductions internationales


Après plusieurs années de croissance, la production de fiction européenne fut en 2023 en retrait de 6% en nombre de titres à 1.476, selon la dernière édition de l’étude qui lui est dédiée chaque année par l’Observatoire Européen de l’audiovisuel. Ce qui marque un tournant, souligne ce dernier. En volume horaire la baisse est de 3% (ou -514h) à 15.509 heures.

La croissance des séries haut de gamme se calme

La dynamique à la hausse des mini-séries et séries haut de gamme de moins de 13 épisodes, qui avait été propulsée notamment par les plateformes internationales, prend fin, analyse l’Observatoire, leur nombre se contractant légèrement à 855 titres (-2% ou 20 séries de moins). Ce qui demeure cependant leur plus haut niveau, 2022 mis à part. Avec 159 de ces titres produits en 2023, le Royaume-Uni en est le premier producteur, suivi de l’Allemagne (119), de la France (92), de l’Italie (58) et de l’Espagne (58). La BBC, Netflix, Amazon, et les chaînes allemandes ZDF et ARD en sont les cinq premiers commanditaires.

Tous les formats enregistrent une baisse similaire. Les téléfilms, qui étaient montés à 447 l’année précédente, reviennent à leur niveau de 2021 avec 404 titres produits, de même que les séries d’entre 13 et 52 épisodes qui sont celles qui proportionnellement subissent la plus forte baisse (-16%), retombant à 124 titres. 

Les séries de plus de 52 épisodes de type soaps et telenovelas perdent 6% à 93 titres. Elle représentent toujours le plus fort volume horaire (61%). L’Allemagne, la Pologne et la Grèce sont les premiers producteurs en nombre d’heures. 

En nombre de titres, l’ordre diffère. Les pays qui ont le plus produit de fictions l’an dernier sont l’Espagne (38), suivie du Royaume Uni (35), de la France (27), de l’Italie (21) et de l’Allemagne (20). 

Service public premier commanditaire

Les chaînes publiques sont toujours les premiers commanditaires de fictions, responsables de 55% des titres, suivies des chaînes privées à 31%, et des plateformes internationales à 14%. Ces dernières ont commandé un nombre de titres stable (+4 titres à 199), qui reste donc très minoritaire par rapport aux 816 des chaînes publiques et 460 des privées (en baisse toutes deux de -46 titres chacune). Pour ce qui des séries de moins de 13 épisodes haut de gamme, la baisse provient intégralement des chaînes privées.

En revanche, en volume horaire, les chaînes privées dominent à 57%, produisant beaucoup de soaps et telenovelas aux nombreux épisodes. Elles sont suivies du service public à 39% et des streamers à 5% seulement. 

Les coproductions internationales ressortent de leurs frontières

Les coproductions internationales ont concerné 10% des titres (8% en 2021), principalement les mini-séries haut de gamme et téléfilms. Alors qu’elles avaient eu tendance à se contracter, se recentrant en 2022 entre pays voisins et/ou partageant la même langue, les coproductions non linguistiques et/ou régionales se sont remises à augmenter progressivement, et furent l’an dernier de 50%.

Les pays qui en furent le plus moteurs sont le Royaume-Uni, généralement partenaire majoritaire travaillant avec les USA, l’Allemagne/Autriche, la France/Belgique, suivi de l’Allemagne très actif pour des coproductions notamment avec la France et les pays nordiques. Ceux-ci travaillent aussi beaucoup ensemble. 

En nombre de participations à des coproductions internationales tout confondu, c’est la France la plus active, la Belgique n’étant pas très loin, les deux pays coproduisant d’ailleurs beaucoup ensemble, la Belgique en tant que minoritaire.


Espagne, pays favori des plateformes

L’Espagne, pays dominant en nombre de titres produits, fait très peu de coproductions internationales, probablement parce que la plupart des productions sont initiées par des plateformes internationales (qui financent entièrement NDLR), 

C’est en effet le pays favori des streamers, qui y ont produit 38 de leurs 199 fictions européennes. Rappelons que Netflix a des studios en Espagne, et que le marché linguistique espagnol est très étendu. Le Royaume-Uni est second, pas très loin avec 35 fictions, suivi de la France en bonne position (27), de l’Italie (21)  et de l’Allemagne (20). 

ARD et Banijay, plus gros producteurs

La production indépendante, au sens de ne pas être affilié à un diffuseur, est responsable de 72% des titres. Les filiales de diffuseur ont produit 28% des titres dont 19% pour leur maison mère et 9% pour d’autres.

Le premier groupe en termes de production indépendante est Banijay, avec 52 titres, suivi de l’alliance Mediawan Leonine à 41 et RTL Group (à qui appartient Fremantle qui travaille pour des diffuseurs diversifiés, NDLR) avec 28 titres indépendants.Tout confondu, la chaîne allemande ARD devance Banijay avec 59 titres, ZDF suivant le groupe français avec 41 titres. RTL reste derrière Mediawan/Leonine mais monte à 38.

Pour ce qui est de la concentration, les dix premiers producteurs ont produit 24% des oeuvres et 36% des volumes l’an dernier. Entre 2015 et 2023, ce sont 2.000 sociétés de production différentes qui ont travaillé mais 3% seulement ont produit au moins un titre chaque année. 

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