Fiction européenne : la tendance aux mini-séries se confirme

Selon la dernière étude de l’Observatoire Audiovisuel Européen publiée à l’occasion de Séries Mania, après un certain tassement en 2020, le volume de la production de fiction s’est remis à progresser en Europe en 2021 à 14 931 heures (+135h), une année encore affectée par le Covid, qui ne retrouve donc pas le niveau de 2019.

Le nombre de titres, lui, n’a jamais cessé de croitre, et il est encore en hausse à 1324 (+71 titres) en 2021, contre 971 en 2015. La raison en est le fort développement de séries de moins de 13 épisodes (la plupart du temps haut de gamme) ces dernières années, y compris pendant la crise. L’observatoire en a comptabilisé 739 en 2021, contre 701 l’année d’avant et 419 en 2015.  Pour autant cela ne joue pas sur leur volume horaire, le nombre d’épisodes ayant eu tendance à baisser (à 7,5 par série en moyenne contre 8 il y a quelques années) et les durées des épisodes à se tasser (à 40,2 minutes en moyenne par épisode soit 7 minutes de moins qu’en 2016). Alors qu’elles représentent maintenant plus de la moitié des titres produits (56%), elles pèsent seulement 25% dans les durées (3690 heures).

Peut-être est-ce une manière de faire face à l’augmentation des budgets, indique l’Observatoire. Peut-être aussi est-ce le reflet d’une tendance à davantage de mini-séries (par rapport aux séries procédurales habituelles des grandes chaînes), impulsée notamment par les plateformes.

Évolution du nombre de titres par formats
Source : Observatoire européen de l’audiovisuel/The European Metadata Group

Retour en grâce des téléfilms

Autre tendance, une hausse des téléfilms en 2021, après plusieurs années de tassement. Ils remontent à 382 titres contre 317 en 2020. Les séries comportant entre 14 et 52 épisodes sont elles en baisse à 107 titres (-27), tandis que le nombre de feuilletons quotidiens avec plus de 52 épisodes est plus ou moins stable.

En moyenne sur sept ans, les soaps comptent pour 61% du nombre d’heures produites et 8% des titres. A l’inverse,  les téléfilms constituent 4% des heures et 31% des titres. Pour les séries, la répartition entre premières saisons et suites est d’environ moitié-moitié.

L’Allemagne plus gros producteur, sauf pour les mini-séries où c’est le Royaume-Uni

Les soaps sont très prisés en Allemagne, Pologne et en Grèce, qui pour cette raison sont en tête des pays producteurs en volume horaire. La Hongrie et le Portugal sont deux autres gros pays producteurs de séries de plus de 52 épisodes, signale l’Observatoire. L’Allemagne est aussi le pays comptant le plus de titres, étant le plus actif en téléfilms. En revanche, en ce qui concerne les séries de moins de 13 épisodes, c’est le Royaume-Uni qui domine avec 131 titres, suivi de l’Allemagne (94), de la France (81), de l’Espagne (54), puis en nombre de titres de la Suède (51) et en nombre d’heures de l’Italie. Tout confondu, la France est n°2 derrière l’Allemagne en nombre de titres, et 6ème en volume horaire.

Pays les plus productifs en nombre d’heures en 2021
source : Observatoire européen de l’audiovisuel/The European Metadata Group
Pays les plus productifs en nombre de titres en 2021

Les coproductions internationales explorent de nouveaux horizons

Les coproductions internationales demeurent minoritaires, ne portant que sur 8% des titres, et sont en très légère baisse, ne retrouvant pas le dynamisme de 2017-2018 . La proportion est plus importante (12% des titres) sur les séries de moins de 13 épisodes. Une évolution notable cependant, alors qu’elles étaient en majorité réalisées entre pays voisins partageant la même langue, depuis 2018 elles se font plus aventureuses, se diversifiant géographiquement. C’est le cas d’une soixantaine de coproductions par an depuis cette date, contre un peu moins d’une quarantaine auparavant.

La France, l’Allemagne et la Belgique sont les pays participants dans le plus grand nombre de coproductions, mais quand on exclu les coproductions avec pays voisins de même langue, c’est le Royaume-Uni le plus actif, souvent en tant que coproducteur majoritaire, travaillant avec les États-Unis mais aussi la France, le Canada… L’Allemagne est aussi très actif, cette fois davantage en tant que coproducteur minoritaire, avec les pays scandinaves notamment.

Nombre de coproductions internationales

Coproductions internationales par pays (2015-2021)
Hors voisins de même langue (cumul 2015-2021)
Observatoire Européen de l’Audiovisuel/l/The European Metadata Group

Les diffuseurs traditionnels toujours les premiers commanditaires

En 2021, les chaînes de service public demeurent de loin celles produisant le plus de fictions en nombre de titres, soit 55% d’entre eux (38% des heures), tandis que les chaînes privées, davantage portée sur les feuilletons quotidiens, sont leaders en volume horaire (59% du total contre 32% des titres). Les diffuseurs traditionnels continuent donc de dominer les commandes de fiction européenne d’une écrasante majorité, les plateformes ne comptant en 2021 que pour 9% des titres et 3% des heures.

Quand on parle de plateformes, il s’agit toujours surtout de Netflix, qui pèse pour 75% des 115 séries originales européennes initiées pour des plateformes SVoD internationales en 2021, un chiffre stable par rapport à 2020. A noter qu’en 2021, outre Netflix et Amazon, les autres avaient à peine commencé à se lancer dans certains pays Europe. L’Espagne est second derrière le Royaume-Uni en termes de nombre de projets commandés par les plateformes. 

Profil des commanditaires en nombre de titres
Profil des commanditaires en heures
Observatoire Européen de l’Audiovisuel/l/The European Metadata Group

Effet streamers sur les séries de moins de 13 épisodes

Si les streamers ont un effet certain, il sont surtout moteurs dans le développement de séries de moins de 13 épisodes. Non actifs dans la production de soaps quotidiens, leur poids est donc limité en volume horaire. Alors que quand on ne considère que les séries de moins de 13 épisodes, on en compte 78 de produites en Europe pour les plateformes en 2021, soit 11% du total contre 1% seulement en 2015, représentant 371 heures.

Leur emboitant le pas, les diffuseurs traditionnels ont aussi beaucoup fait croitre leurs commandes de ce type de séries depuis 2017. Chaînes publiques et privées sont quasi à égalité en volume avec un peu plus de 1 650 heures chacune de séries de moins de 13 épisodes (les chaînes publiques dominaient mais ont diminué d’une centaine d’heures leur volume horaire en 2021). En nombre de titres, le service public demeure en tête (344 titres en 2021 vs 251 en 2015) mais c’est auprès des chaînes privées qu’on enregistre la plus forte dynamique (315 titres en 2021 soit plus du double des 158 séries de 2015). En acteur individuel, Netflix se hisse à la seconde position derrière la BBC avec une cinquantaine de titres commandés. Warner Bros Discovery apparait 3ème mais c’est un cumul entre différents acteurs qui n’avaient pas fusionné en 2021. Parmi les acteurs français, France Télévisions est 6ème, TF1 13ème.

Producteurs indépendants : 66% des titres mais peu d’entre eux dans le top 10

L’Observatoire a dénombré un total de 1400 sociétés de production ayant produit au moins un titre entre 2015 et 2021. Les producteurs totalement indépendants d’un diffuseur sont responsables pour 66% des titres en 2021 (56% des heures). Ceux qui sont affiliés à un diffuseur mais ont produit pour d’autres sont à l’initiative de 12%, et la production dépendante réalisée par des filiales de 21% (et 32% des volumes horaires).

Banijay est le plus gros producteur indépendant et producteur tout court, avec 60 titres, actif dans 13 pays. Il est suivi de deux diffuseurs allemands l’un public l’autre privé. Peu de producteurs indépendants se placent dans le top 10, dominé pas les filiales de chaînes. Les 10 premiers producteurs ont produit 28% des titres et 40% des heures, la différence provenant du fort volume horaire par titre des feuilletons quotidiens.

Seulement 5 à 6% des scénaristes et réalisateurs travaillent tous les ans

Entre 2015 et 2021, l’Observatoire européen de l’audiovisuel a comptabilisé 10 250 scénaristes actifs (il estime le total à 13 000), mais 5% seulement le furent tous les ans. Près de la moitié d’entre eux (47%) ne sont crédités d’un épisode au moins qu’une année sur les sept. Par année, leur nombre a progressé d’environ 3 000 actifs en 2015 à dans les 3 800 en 2019, et depuis s’est stabilisé un peu en dessous de ce seuil. En excluant les séries de plus de 52 épisodes, en moyenne un scénariste (co-)écrit 1,9 épisode par an, (chiffre qui monte à 5,4 avec les soaps) et 75% des épisodes bénéficient d’au moins deux scénaristes. Les pays où ils sont les plus nombreux par épisode sont l’Espagne, la Pologne et le Portugal. Les scénaristes ont aussi tendance à se spécialiser par formats (seulement 23% d’entre eux ont écrit au moins deux formes différentes de fiction).

Coté réalisateurs, L’Observatoire en a identifié 4 655 (estimant leur nombre total à 7 000) sur ces sept années, et là encore 6% d’entre eux seulement ont un épisode au moins à leur crédit chacune des sept années étudiées, et 43% ne furent actif qu’une seule année. Comme les scénaristes, ils sont assez spécialisés, seuls 27% ont réalisé différentes formes de fiction. Par année ils étaient moins de 1 500 en 2015, puis ont progressivement augmenté à environ 1 900 en 2019 et se sont stabilisés à ce niveau depuis. En moyenne ils réalisent 5,4 épisodes ou téléfilms par an, chiffre qui tombe à 2 si on exclu les feuilletons quotidiens. Les réalisateurs sont aussi crédités comme scénariste dans 25% des cas pour les téléfilms et 21% des cas pour les séries de moins de 13 épisodes.

Lien vers l’étude de l’Observatoire Audiovisual Fiction Production in Europe, 2021 Figures avec encore plus de graphiques

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