Fusion TF1/M6 : deadline octobre 2022, France TV prêt à se désengager de Salto

La fusion de TF1 et M6 est revenue sur le devant de la scène ce début décembre. Le directeur général du groupe Bouygues, Olivier Roussat (la photo ci-dessus), était auditionné au Sénat, tandis que la patronne de France Télévisions a fait des déclarations au sujet de Salto, et que le quotidien Les Echos a sorti quelques informations sur les chaînes que pourrait vendre TF1 et M6 afin de pouvoir concrétiser leur mariage.

L’une des problématique de la fusion est l’actionnariat de la plateforme Salto, constitué à parts égales entre les deux chaînes privées et France Télévisions, et qui, après fusion, se trouvera majoritairement détenue par l’ensemble TF1/M6. Après avoir fortement milité pour la création d’une plateforme SVOD française pour contrer les plateformes, ce qui fut concrétisé avec Salto, Delphine Ernotte se dit maintenant prête à s’en désengager, a-t-elle indiqué au Figaro le 29 novembre, réalisant aussi que la priorité du service public est son offre gratuite. «Dans le contexte de fusion TF1-M6, c’est une option afin de concentrer nos efforts sur France.tv, qui doit être le leader incontesté du streaming gratuit en France » a indiqué la présidente de France Télévisions.

Autre avancée du dossier, commencent à se faire connaitre les acheteurs potentiels des chaînes en trop. TF1 et M6 devront en effet en vendre certaines afin de ne pas dépasser le seuil anti-concentration. Dans un article du 1er décembre, le quotidien Les Echos indique que les acheteurs intéressés avaient jusqu’à la fin novembre pour déposer une offre, et qu’ils seraient une petite dizaine à s’être manifestés. La chaîne enfant Gulli attirerait notamment la convoitise du groupe Mediawan alors que Xilam, qui s’y était intéressé lorsqu’elle était à vendre il y a deux ans, cette fois hésiterait.

Alain Weil ex-NextRadio et Altice, maintenant propriétaire de L’Express a pour sa part indiqué son intérêt pour une chaîne le 26 novembre, au micro de France info. “Oui, nous nous porterons certainement candidats au rachat d’une chaîne pour créer L’Express TV” a-t-il indiqué. “Cette idée me plait je pense que c’est le bon moment pour le faire. La télé a de l’avenir même si elle doit se transformer, la technologie est une opportunité aussi pour elle, et je pense que c’est le bon moment pour rentrer dans ce métier”. Altice en revanche, qui détient déjà RMC Découverte et Story et BFM TV ferait profil bas, selon Les Echos

Être prêt pour le renouvellement des conventions en mai 2023

La deadline absolue pour que tout soit réglé est octobre 2022, a déclaré Olivier Roussat, DG de Bouygues, lorsque auditionné au Sénat le 1er décembre. Il a expliqué que quand le groupe Bertelsmann est venu les voir, c’était déjà avec ce calendrier en tête, car en mai 2023 doivent être renouvelées les conventions de TF1 et M6 auprès du CSA, et “une fois renouvelées, les mouvements capitalistiques ne sont pas possibles” a-t-il expliqué. 

La stratégie défendue par Bertelsmann, et par le groupe Bouygues également, pour contrer la concurrence des plateformes américaines est de se renforcer en streaming sur leur marché local. “Le business model des différents groupes est en train de changer de manière assez radicale, nous sommes au coeur de cette transformation” a expliqué Olivier Roussat. “Le marché européen s’est globalement structuré avec les groupes privés et le service public, d’une part, et des plateformes majoritairement américaines de l’autre. A date, il n’y a pas de plateforme européenne qui ait émergé”.

Questionné sur les bonnes performances publicitaires enregistrées par TF1 et M6 au premier semestre, il a expliqué que le marché publicitaire suivait l’évolution de la croissance PIB, très forte, “malheureusement c’est uniquement conjoncturel” a-t-il ajouté. “Généralement le marché publicitaire est plutôt stable, alors que marché publicitaire internet est en hausse, et à 90% ce sont les GAFAN qui en sont les bénéficiaires”. (…) Le temps passé devant les écrans reste élevé, mais celui devant la télé a tendance à baisser, on estime que d’ici 2024 il aura perdu 40%, tandis que les envies des téléspectateurs évoluent.”

Lien vers la retransmission de l’audition d’Olivier Roussat du groupe Bouygues au Sénat

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