par Netflix a gagné 8,3 millions d’abonnés au quatrième trimestre 2021, qui fut particulièrement fort pour la plateforme en matière de contenus et de consommation. Ce niveau est à peu près en ligne avec la même période l’année dernière et avec les prévisions, lui permettant de frôler les 222 millions d’abonnés. En France le nombre d’abonnés serait proche des 10 millions, selon une indiscrétion des Echos.
La zone EMEA (Europe/Moyen-Orient/Afrique) est celle qui contribua le plus aux recrutements sur le trimestre (+3,5 millions à 75 millions vs 4,3m un an auparavant), suivie de la zone APAC ou Asie/Pacifique (+2,6 m à 32m vs +2m un an avant), de la zone UCAN – US Canada (+1,2m à 75m vs +0,9m lors du quatrième trimestre 2020), et de la zone LATAM – Amérique latine (+1m à 40m vs 1,2m) détaille la plateforme dans sa lettre aux actionnaires.
Presque autant d’abonnés en EMEA qu’aux États-Unis et Canada
La zone Europe/Moyen-Orient/Afrique et dans une moindre mesure l’Asie/Pacifique sont aussi les deux zones plus dynamiques sur l’année. Avec 7,3 millions d’abonnés supplémentaires à 74 millions, l’EMEA talonne maintenant les 75 millions d’abonnés de l’Amérique du Nord, qui a recommencé à progresser seulement lors du dernier trimestre, après avoir été stable les neuf premiers mois de l’année.
Netflix a dû baisser ses prix en Inde pour s’aligner sur le marché, la télévision payante y étant peu onéreuse, et les augmente à nouveau ce mois de janvier aux USA (+ 1$ à 9,99$ pour le premier prix, +1,5$ à 15,50 pour l’offre standard et + 2$ à 18$ pour l’offre 4k), après l’avoir déjà fait fin 2020.
Sur l’année entière, les recrutements sont moins impressionnants que l‘année précédente, ce qui est peu étonnant vu le niveau atteint, ils enregistrent (tout de même) une croissance d’un peu plus de 18 millions, vs 37 millions en 2020. Mais si le streamer a déçu le marché, son cours baissant en bourse après les annonces, c’est qu’il ne prévoit que 2,5 millions d’abonnés supplémentaires au premier trimestre 2022 (vs 4M un an avant).
Netflix a expliqué que le marché demeure perturbé par le Covid et n’a pas retrouvé un rythme de croissance normal d’avant crise, tandis qu’il existe certaines tensions macroéconomiques dans des zones comme l’Amérique latine. Surtout, ses prochaines grosses cartouches (Bridgerton 2 et le film original de science fiction, The Adam Project) ne seront lancées qu’en Mars, a ajouté Netflix, qui reste confiant sur son potentiel de croissance. La plateforme estime en effet que le streaming est en train petit à petit de supplanter le linaire dans le monde, indique-t-elle aux actionnaires, faisant remarquer qu’elle a réussi à encore de gagner des abonnés aux Etats-Unis alors que la concurrence y est devenue l’an dernier plus nombreuse et féroce. Avec un temps d’écoute qui n’atteint pas encore 10% du total aux Etats-Unis, son premier marché, il existe encore une bonne marge de croissance, si son service continue de s’améliorer, estime-t-elle.
| Progression en un an par zone | Abonnés (millions) | +/- vs 2020 (millions) |
|---|---|---|
| UCAN (US/Canada) | 75,20 | + 1,20 |
| EMEA (Europe/Moyen Orient/Afrique) | 74,04 | + 7,34 |
| LATAM (Amérique Latine) | 39,96 | + 2,42 |
| APAC (Asie/Pacifique) | 32,63 | + 7,14 |
| TOTAL | 221,83 | + 18,18 |
Vers un cash flow positif et une réduction de la dette en 2022
Le chiffre d’affaires annuel a pour sa part progressé de 19% à quasi 30 milliards de dollars, avec un résultat opérationnel en hausse de 35% à 6,2Md$. La marge opérationnelle s’améliore, représentant 21% vs 18% en 2020 indique la plateforme qui prévoit être à un niveau de 19-20% en 2022. Le free cash flow (flux de trésorerie disponible) demeure négatif de -159M$, se rapprochant de l’équilibre en ligne avec les prévisions, indique Netflix, qui ajoute le prévoir positif cette année. La dette brute est de 15,5 milliards de dollars, Netflix prévoit de la réduire plus ou moins cette année à entre 10md$ et 15md$, la priorité étant toujours de continuer d’investir dans ses activités de base, et de financer des opportunités de croissance comme le jeu vidéo et quelques acquisitions sélectives. Au Quatrième trimestre Netflix a lancé son activité jeux vidéo, maintenant disponible à partir son App, et a sorti ses dix premiers jeux. Coté marketing, la plateforme a lancé un site, Tudum, afin de communiquer avec ses abonnés et fans.
| 2020 Md$ | 2021 Md$ | +/- % | |
|---|---|---|---|
| Revenues | 24,996 | 29,697 | +19% |
| Cost of revenues | 15,276 | 17,333 | +13% |
| Marketing | 2,228 | 2,545 | +14% |
| Technology & development | 1,829 | 2,273 | +24% |
| General & administrative | 1,076 | 1,352 | +26% |
| Operating Income | 4,585 | 6,194 | +35% |
Plusieurs records d’audience en 2021, La Casa de Papel adaptée en Corée
Netflix souligne par ailleurs avoir atteint des audiences records cette année avec plusieurs titres, Squid Game étant sa plus grosse séries de tous les temps, Red Notice et Don’t Look Up, ses plus gros films depuis toujours. La Casa de Papel aka Money Heist a atteint les 6,7 milliards d’heures vues cumulées toutes saisons confondues, indique la plateforme. Son adaptation coréenne, Money Heist : Korea Joint Economic Area sera lancée plus tard cette année.
Un gros succès peut venir de partout dans le monde, mais la stratégie de production locale vise avant tout l’audience locale répète à nouveau Netflix, qui indique en ce domaine avoir rencontré le succès avec Love is Blind au Brésil, My Name en Corée, le film de super hero Minnal Murali en Inde et le thriller The Chestnut Man au Danemark.
Maintenir l’effort dans le production de films
Netflix a également rappelé son attachement à la production de films, très importants pour ses abonnés indique-t-elle. «Notre ambition a toujours été de travailler avec les meilleurs cinéastes et acteurs afin de créer des films variés de qualité » indique la lettre aux actionnaires. Faisant suite à ses déclarations de l’année dernière, Netflix a tenu le rythme d’en sortir toutes les semaines, Ted Sarandos ajoutant lors de l’interview financière que les films ont aux yeux des abonnés une valeur particulière, étant une denrée pour laquelle ils ont l’habitude de payer (à commencer par leur place au cinéma).
Fusions acquisitions: une question d’opportunités mais pas la stratégie
Interrogé lors de cette même interview financière sur la stratégie en matière de fusions acquisitions, “s’il y en a c’est une question d’opportunités, mais ce n’est pas la stratégie” a répondu le Chief Financial Officer, Spencer Adam Neumann. Il a précisé que la plateforme pouvait procéder à des acquisitions “quand elles nous permettent d’accélérer notre stratégie, en termes de capacité dans les contenus, ou comme vous avez pu voir dans les IPs dans les domaines TV, film ou jeux vidéo”
Les hits du 4ème trimestre 2021 :
| Séries | Heures vues (28 jours) |
|---|---|
| Squid Game | 1 650 m |
| The Witcher 2 | 484 m |
| Maid | 469 m |
| You 3 | 468 m |
| Casa de Papel 5 | 395 m |
| Emily in Paris 2 | 287 m |
| Cobra Kai* | 274 m |
NB : *Cobra Kai n’a pas eu 28 jours. Certaines de ces performances débordent un peu avant ou après le trimestre. Rappelons qu’elles ne sont pas comparables sur les deux tableaux : les séries comportent généralement plus ou moins 8 épisodes donc 8 heures, tandis que les films durent pour la plupart moins de 2 heures.
| Films | Heures vues 28 jours |
|---|---|
| Red Notice | 364 m |
| Don’t Look Up | 353 m |
| The Unforgivable | 215 m |
| Army of Thieves | 158 m |
| Love Hard (romcom) | 134 m |
| The Harder They Fall | 122 m |
| Back to the Outback (film d’animation) | 105 m |
Photo de tête (capture d’écran de l’interview vidéo financière): En haut : Reed Hastings, Co-Founder, Chairman, President & Co-CEO et Ted Sarandos, Co-CEO, Chief Content Officer & Director. En bas : Spencer Adam Neumann, Chief Financial Officer, Greg Peters, COO & Chief Product Officer
- Lire la Lettre aux actionnaires de Netflix sur son site avec tous les chiffres, voir l’interview vidéo financière à propos des résultats sur YouTube ou lire sa transcription
- lectures complémentaires : l‘état d’esprit des investisseurs avant l’annonce des résultats dans le Hollywood Reporter,
Update 29/01/21 : Alors que l’action a fortement chuté, Reed Hastings rachète pour 20M$ de parts dans Netflix, une manière de témoigner de sa confiance en son avenir, écrit le Hollywood Reporter. Le patron et co-fondateur de Netflix renforce ainsi aussi légèrement son poids dans la plateforme, en étant déjà le premier actionnaire individuel avec 8 millions de parts. Il n’est pas le seul à avoir investi, le patron de fond d’investissement, William Hackman a fait savoir mercredi sur twitter avoir acheté 3 millions de parts pour 1Md$, rejoignant ainsi les 20 premiers actionnaires. Après l’annonce par Netflix en milieu de mois des prévisions de croissance peu ambitieuses au 1er trimestre 2022, la valeur de l’action a été divisée par deux. Depuis l’annonce de William Hackman, elle a un peu remonté.
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