Warner Bros. Discovery organisait le 12 avril dernier sa conférence de presse tant attendue sur la nouvelle offre de streaming qui va réunir HBO Max et Discovery +. Une conférence menée par le CEO du groupe David Zazlav, par le President & CEO, Global Streaming & Games, JB Perrette, et, côté contenus, par le Chairman and CEO of HBO and Max Content, Casey Bloys, et par la Chairman and Chief Content Officer, US Networks Group, Kathleen Finch.
La nouvelle offre s’appellera Max. Elle sera lancée le 23 mai prochain, avec la mise en ligne comme produit d’appel ce jour-là, du film de super héros à gros budget sorti récemment, Shazam : Fury of the Gods. « Des plus grands super-héros aux champions de la vraie vie, des séries qui façonnent la culture aux divertissements qui façonnent les goûts, des royaumes fantastiques aux mondes les plus réels, Max offrira une gamme de choix inégalée » décrit JB Perrette dans le communiqué de presse.
Rappelons que l’an dernier, WarnerMedia propriétaire de HBO Max était fusionné pour 43 milliards de dollars avec le groupe Discovery, sous l’impulsion du patron de ce dernier David Zazlav, dont les premières mesures furent une réduction drastique des coûts, l’annonce du regroupement des offres SVoD, et un certain retour à l’ancien modèle comme le rétablissement de fenêtres d’exploitation pour mieux amortir le coût des films plutôt qu’ils aillent direct en streaming. Shazam : Fury of the Gods sera proposé sur Max 67 jours après la salle, après une fenêtre à la vente et à la location en digital.
L’objectif du rapprochement des plateformes est aussi de réunir deux offres visant des cibles “plus étroites”, en une seule ayant une “proposition plus large”, a aussi expliqué le groupe. L’appeler tout simplement Max doit permettre également de préserver l’image de HBO.
Des prix dans le haut du marché
Finalement, la fusion des plateformes ne sera cependant pas totale. Si l’on trouvera bien les programmes de Discovery+ sur Max, elle continuera aussi d’exister seule, afin de ne pas risquer de faire fuir les abonnés par une augmentation de prix pour une offre qu’ils ne souhaiteraient pas forcément.
C’est que l’abonnement à Discovery+ ne coûte que 7$ par mois, même 5$ pour la version avec publicité, alors que les prix de (HBO) Max viennent d’être augmentés en février d’1$ par mois, étant dans le haut du marché. Pour la version avec publicité, il faut payer 9,99$ (par rapport à 6,99$ pour Netflix et 7,99$ pour Disney+) et pour celle sans publicité, 15,99$ pour deux streams simultanés (un prix davantage équivalent aux autres offres). Pour avoir quatre streams simultanés et la meilleure qualité, il faudra monter à 19,99$ par mois.
L’ambition de Max est de lancer 40 nouveaux titres (ou nouvelles saisons) par mois, dont des Max Originals mais peut-être pas tant que ça, offrant aussi les films et les programmes des chaînes linéaires du groupe, pour lesquels seront testés de nouveaux parcours itinérants. “Max sera la destination des contenus HBO, DC, Max Originals, Harry Potter, des films Warner, d’une offre enfants étendue” indique le communiqué, “ainsi que de programmes sur la nourriture, la maison, l’art de vivre, et des télé-réalités et documentaires de marques comme HGTV, Food Network, Discovery Channel, TLC, ID”.
WBD mise sur la magie des franchises pour en faire des Max Originals
Sans détailler ses ambitions quantitative en matière de production originale, le groupe aura annoncé peu de projets spécifiques à Max mais qui cherchent à en mettre plein la vue. Comme chez ses autres camarades majors au catalogue fourni, l’exploitation des franchises maison sera un axe important. Le groupe montra ainsi les premières images de The Penguin adapté de l’univers Batman pour (à l’époque) HBO Max, et annonça parmi les futurs Max Originals la première adaptation en série TV des livres de Harry Potter. Ceux ci seront adaptés au rythme d’un tome par série le plus fidèlement possible, a promis le groupe, l’autrice J.K. Rowling conseillant le projet et faisant partie des Executive producers. Elle ne sera pas pour autant plus que ça aux manettes, la presse anglo-saxonne rappelant qu’elle est toujours handicapée par le bad buzz résultant de sa déclaration polémique sur les trans.
Dans d’autres registres, la franchise de films d’horreur de possession et maisons hantées, Conjuring sera elle aussi revisitée en série pour Max, ainsi que sur un ton plus léger, la sitcom The Big Bang Theory, qui s’est arrêtée en 2019 près 12 saisons (et a déjà donné lieu à la préquelle, Young Shelton sur CBS).
Par ailleurs, cette fois aussi pour HBO ainsi que Max, Game of Thrones donnera lieu, après House of the Dragon, à une nouvelle préquelle. A knight of the Seven Kingdoms sera adaptée des livres du même auteur George R.R. Martin, Tales of Dunk and Egg se déroulant 90 ans avant Game of Thrones. Là aussi, George R.R. Martin sera directement impliqué, comme Executive producer et cette fois également scénariste. La série ne sera pas forcément si couteuse car ne comporte pas de dragon a précisé le groupe lors de la conférence de presse, contrairement à la série Harry Potter pour laquelle il compte bien mettre les moyens qu’il faut.
Le groupe évoqua et montra également des images d’autres HBO Originals qui seront proposés sur Max, comme la série d’espionage The Sympathizers, ou True Detective : Night Country avec Jodie Foster.
Télé-réalité et documentaires: pas de production spécifique pour Max pour l’instant
Si la télé-réalité et les documentaires seront une partie importante de l’offre, aucun Max Original n’a été annoncé dans ces deux genres, les programmes à venir venant pour la plupart des chaînes du groupe, et devant être diffusés sur les deux supports.
WBD a notamment mis en avant comme lancements phare à venir sur Max la série d’aventure “social experiment” de Discovery Channel, Survive the Raft; le dating de TLC Love and Romance où les participants doivent se séduire sans parler la même langue, et la mini-série documentaire true crime de Investigation Discovery Lost Women of Highway 20.
Rappelons que HBO Max s’était diversifié dans la télé-réalité, mais que ses productions ont été annulées après la fusion afin de mettre à la place des programmes Discovery. La stratégie n’est pas définitive, et le groupe compte étudier ce qui fonctionne avant de l’affiner, a-t-il indiqué, le genre offrant l’avantage de pouvoir être produit relativement rapidement, contrairement aux séries fiction qui demandent un minimum de deux ans de production.
Le groupe encore peu disert sur la stratégie en animation
Peu de choses ont été annoncées en ce qui concerne les programmes enfants. Tout juste le groupe a-t-il évoqué le lancement prochain de Greemlins Secrets of the Mogwai ainsi que l’arrivée de la série Tiny Toons Looniversity, tous deux commandés à l’époque d’HBO Max, ou annoncé l’entrée en production d’un spécial en animation de Pierre et le Loup par Bono (de U2) et Gavin Friday, les deux pour Cartoon Network et Max. Mais le groupe a assuré que les enfants demeuraient plus que jamais prioritaires, et va améliorer les fonctionnalités les concernant pour notamment faciliter le control parental. Par le passé, l’image de HBO a pu être handicapante, a expliqué le groupe, beaucoup des séries HBO n’étant pas pour les enfants.
L’animation est le secteur où WBD a fait le plus volte face par rapport à la précédente stratégie qui était beaucoup plus pro-active en ce domaine, annulant et retirant des séries d’animation de HBO Max. Dans ce domaine, le groupe dispose notamment de l’important catalogue Warner des Looney Tunes et Hanna Barbera, et les chaînes Cartoon Network, Boomerang et Adult Swim. A noter que, contrairement à d’autres marques du groupe, aucune des chaînes n’est nommément citée dans le communiqué et paragraphe descriptif de Max, qui évoque uniquement “une offre enfants étendue”, le groupe ne semble donc pas miser avec Max sur ces marques plus que ça.
Encore des inconnues
On le voit, il reste encore nombre d’inconnues sur les contours de la future offre. Selon Variety, elle pourrait se mettre à diffuser également de l’information et du sport.
L’international aura aussi été peu évoqué. Max devrait se lancer en Amérique latine à l’automne, en Europe début 2014 et en Asie Pacific mi 2024. D’ici là, en France, beaucoup des contenus sont disponibles dans le Pass Warner proposé depuis peu sur Prime Video, l’accord avec OCS ayant pris fin en janvier. Le tournage de la première série originale vient de commencer, La Mythomane du Bataclan avec Laure Calamy, connue au delà de la France grâce au succès international de Dix pour cent. Ce qui semble signifier que Max a toujours des ambitions en production originale locale. La responsable de la production originale pour la France Vera Peltekian a d’ailleurs indiqué récemment dans Variety avoir d’autres projets encours, pour une cible plutôt adulte (ne ciblant pas les adolescents) et outre la fiction prévoir aussi d’initier du documentaire.
Lien vers le communiqué de presse sur Max de Warner Bros. Discovery, l’article de Variety relatant la conférence, la couverture de Deadline en plusieurs articles, l’interview du 5 avril de Vera Peltekian dans Variety.
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