La nouvelle ministre de la culture, Rima Abdul-Malak s’exprimait pour la toute première fois devant le Sénat ce mercredi 29 juin, où les questions se sont multipliées concernant les plans du gouvernement pour l’audiovisuel public, dont il a décidé de supprimer le financement par la redevance, ou la CAP (contribution à l’audiovisuel public), dès cette année. Rappelons que cette mesure doit faire partie d’un paquet de mesures pour le pouvoir d’achat présentée le 6 juillet en conseil des ministres puis au parlement.
En introduction à son allocution, Rima Abdul-Malak, très à l’aise et détendue, a tenu à assurer au Sénat sa connaissance des dossiers et des travaux de ce dernier, en tant que précédemment conseillère culture du président de la république pendant deux ans.
A propos de l’indépendance éditoriale de l’audiovisuel public, qui pose problème puisque ce dernier deviendra totalement dépendant de Bercy pour obtenir son financement, elle a évacué le problème, rappelant que le président de la république avait été très clair à ce sujet pendant la campagne, qu’il y aurait la mise en place d’un budget pluri-annuel, vraisemblablement d’une commission qui pourrait être la vigile de l’indépendance. Elle a aussi rappelé que ce n’est pas le président de la république mais l’Arcom qui nome le président de France Télévisions.
Quand au budget et au projet pour défendre l’audiovisuel public, elle a indiqué ne pas avoir toutes les réponses, au bout de quatre-cinq semaines en poste seulement. Le budget sera décidé dans un second temps, une fois qu’auront été posés les grands principes, a-t-elle indiqué. Elle a souligné l’importance de soutenir la création mais rappelé que dans le même temps le gouvernement a mis en place une manne supplémentaire, les plateformes de streaming ayant maintenant elles aussi des obligations d’investir dans la création. Rima Abdulmalak a par ailleurs constaté que les économies demandées lors du précédant quinquennat n’avait pas fait baisser l’audience du service public, et en déduire qu’il y avait donc des marges d’économies.
Enfin, sur la fusion éventuelle des sociétés d’audiovisuel public, qui est appelée par le Sénat de ses voeux, pourquoi pas, c’est à voir, toutes les options doivent être évoquées, a-t-elle estimé, ajoutant que cela pouvait aussi prendre la forme de synergies, beaucoup déjà ayant été mises en place comme avec les matinales France Bleue (France 3 ayant supprimé ses programmes du matin pour diffuser en une sorte de radio filmée les programmes des stations locales, NDLR) .
Ce mardi 28 juin les syndicats avaient organisés une journée de grève et de protestation pour l’audiovisuel public. La grève a été suivie massivement par les trois-quart des journalistes, 45% des salariés métiers tout confondu, et 25% au siège parisien, selon l’AFP citant des sources internes. La manifestation en tant que telle le fut un peu moins, plusieurs centaines de personnes ayant défilé toujours selon l’AFP. Devant l’assemblée les grévistes ou reçu le soutien des Nupes, ce qui ne suffira pas pour sauver la redevance, le parti de Marine Le Pen étant lui aussi pour sa suppression (et voulant même aller plus loin vers la privatisation).
- Voir l’article de Public Sénat relatant l’intervention de la ministre de la Culture avec quelques extraits vidéo, celui de l’AFP sur le site de Bouredirect à propos de la journée de mobilisation
- Dans MABtv, l’article sur le rapport du Sénat sur la décision de supprimer la redevance
Update 6/7/22 : c’est jeudi 7 juillet (et non le 6) que sera présenté la loi sur le pouvoir d’achat en conseil des ministres, il sera ensuite débattu à l’Assemblée nationale à partir du 18 juillet.
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